Titre bien évidement un peu provocateur, le but étant juste d'amorcer une discussion sur ce qu'il pourrait se passer si le RN venait à prendre le pouvoir. L'objectif n'est bien évidement également pas de rentrer dans un débat politique ici mais juste de se baser sur le programme qu'avait évoqué le RN lors des dernières présidentielles sur les ENR pour essayer de voir l'éventuel impact que cela pourrait avoir sur nos investissements.
C'était d'ailleurs l'une des thématiques évoquées ce matin sur BFM Business mais également dans la Presse, car il semblerait que cela soit parmi les premières mesures que le RN souhaiterait prendre avec une priorisation sur le Nucléaire et un abandon des ENR et principalement des éoliennes
Comme on a la chance d'accueillir de manière régulière des représentants de nos plateformes ENR préférées, Si parmi @aurelien-de-lendopolis @amaury_blais_dg_lendosphere @charlotte-vandenberghelendosphere-com @leo_enerfip @florence_de_lumo certains souhaitent prendre la parole et apporter des précisions sur le sujet ils seront les bienvenus. Est-ce un vrai sujet de préoccupation? Y a t'il des discussions sur le sujet? Quel éventuel impact sur les plateformes de financement ENR en France? Est-il envisageable que l'on ne se retrouve plus qu'avec des projets dans d'autres pays que la France ?
sans rentrer dans le débat politique, leur programme économique est sans queue ni tête : baisse des recettes (TVA, impôts, droits de succession, taxes essence, tarif électricité...) et augmentation des dépenses (SMIC, baisse âge départ retraite...), alors que le pays est déjà très endetté et en déficit budgétaire chronique
le problème c'est qu'à force de faire des promesses à tout le monde, les électeurs ont l'impression d'être écoutés, ou égoïstement pensent que leur quotidien sera amélioré (et peu importe le voisin ou les générations futures)...
c'est un peu le propre de tous les politiques vous me direz, mais c'est surtout le propre du populisme, qu'il soit de droite ou de gauche
concernant l'électricité, on ne peut pas tout miser sur le nucléaire, abandonner la voiture électrique, démonter toutes les éoliennes (quid du PV ? ce n'est pas clair) alors qu'on est incapable de construire des EPR en moins de 15 ans (et qui veut un EPR à côté de chez lui ?), et pourtant ils veulent construire 10 EPR d'ici 2031
ça sera difficile de casser les contrats commerciaux existants entre les producteurs et EDF ou les régies d'électricité, mais cela crée une grosse incertitude sur le futur, et quand on s'engage sur des projets sur 20 ou 30 ans, on ne peut pas jouer avec l'inconnue.
sortir du marché de l'électricité, c'est aussi se tirer une balle dans le pied puisqu'on ne pourra plus aussi facilement vendre nos excédents de production... et pourrons nous acheter nos déficits de production lors des prochains pics de demande ?
on le voit sur les marchés financiers, en particulier sur les taux qui s'envolent depuis 2 jours...
ça signifie aussi que le financement de projets sera impacté, qu'il s'agisse des ENR, du nucléaire... OU DE L'IMMO !
comme si l'immo avait besoin de cela en ce moment !
Les gens on voté RN pour l'Europe, l'Europe c'est loin de chez eux, c'est vague, ils ont l'impression (à tord) que ça changera pas leurs quotidien, mais pour ce qui est des élections en France c'est autre chose.
Moi ce qui me fait plus peur c'est qu'on est une gouvernance de gauche, ils voudrons encore plus taper sur ceux qui font un peu d'argent
Les européennes ont toujours été un exutoire : passé un temps c'était les écolos qui en profitaient. A présent c'est l'extrême droite.
le temps sur les projets ENR (comme pour l'immo) ne se compte pas en semaines mais en trimestres au niveau administratif... voire en années pour l'éolien...
Oui on est sur du temps long. Mais les industriels n'aiment pas l'incertitude et ont besoin d'un cap long terme.
Le RN a plusieurs fois parlé de "Démanteler des parcs éoliens". Je suis conscients que cela prendrait du temps, qu'il y aurait sans doute des procès et que ce type de procédure prendrait du temps.
Mais un industriel doit également assurer sa pérennité et évaluer tous les risques. S'il y a un risque qu'il ne puisse plus opérer en France, alors plus il sera réactif plus il se pourra se protéger et assurer son avenir.
Ex Stelantis et Totalenergies viennent de stopper leur investissement de 5,5Md€ dans la construction d'une usine de batterie. Ils réagissent au marché des voitures électriques en berne. L'allemagne a arrêté de financer les véhicules électrique. Ce type de décision politique impacte les industriels qui doivent rapidement s'adapter.
Bonjour à tous,
Il est clairement compliqué de projeter les impacts immédiats car la réalité économique peut contraindre/bouleverser les annonces de campagnes. Je suis donc incapable de mettre des probabilités sur les scenarii suivants
Néanmoins, je pense qu'il est indéniable qu'une arrivé du RN provoquerait à minima un moratoire sur l'éolien. En clair, arrêts des appels d'offres nationaux, mise en pause de tous les projets sous recours et probablement de tous ceux qui n'ont pas fait de déclaration d'ouverture de chantier.
L'étape suivante est un moratoire élargi à toutes les ENR, à minima éolien et solaire. Le biogaz et l'hydro sont apparement perçus différemment. Il faut alors s'inquiéter pour tous les financements portant sur des projets en développement. Les collectes pour des projets près à construire seraient potentiellement dans le flou mais l'impératif électrique peut laisser penser que l'administration les laissera aller au bout.
L'extrême serait le démantèlement mais je n'y crois pas. Outre les impacts économiques (banques, exportation d'électricité, taxes....), il faut prendre en compte le juridique. L'état française serait alors face à des armées d'avocat de tous les grands fonds d'investissement (les mêmes qui achètent notre dette...).
Je reste à votre disposition pour apporter des précisions.
Bonjour à toutes et tous,
Merci @patrick de poser cette question et d'initier cette discussion car, en cette période assez troublée, il n'est pas toujours simple de poser des constats objectifs.
Pour répondre le plus factuellement possible à ce sujet, il est nécessaire de regarder précisément le programme du Rassemblement National, ce que j'ai fait.
Il y est très clairement écris :
- "Nous nous opposons au développement des énergies intermittentes (éoliennes) imposées par l'UE."
- Nous voulons "Protéger le mix électrique français en investissant dans les technologies d'avenir (nucléaire, hydrogène, géothermie...).
L'éolien et le solaire sont donc bien dans le viseur du RN, et le moratoire dont parlais Marine Le Pen durant la compagne présidentielle de 2022 semble toujours d'actualité. Une remarque à ce stade : en s'affranchissant de ces 2 énergies et en s'appuyant essentiellement sur l'énergie nucléaire, sachant que le premier EPR 2 devrait au mieux être mis en service à Penly en 2037, comment répondre aux les besoins croissant d'électricité dans notre pays sans passer inévitablement par les centrales au gaz ? Une question à laquelle ni le programme ni aucun membre du partie RN n'est en mesure de répondre.
Pour autant, si le RN met en application son "programme" et tiens ses engagement, la menace sur les énergies renouvelables est immense. Je complèterai les propos d' @aurelien-de-lendopolis : le risque porte malgré tout aussi sur les projets déjà en fonctionnement car, même si le démantèlement est sans aucun doute un énième effet de manche populiste, la remise en question de tarifs ou tout autre moyen détournés (enjeux faunistiques ou floristiques, servitudes aériennes...etc) sont tout à fait à la main du RN s'il s'empare du pouvoir.
Ce n'est pas un hasard si, depuis dimanche soir, toute la filière française des énergies renouvelables tire la sonnette d'alarme. Ne minimisons surtout pas les risques et ne parions pas sur le fait que, une fois en situation, si cela arrive, le RN se pliera aux exigences du réel et aux constats factuels. Il est vrai que nos voisins italiens n'ont pas reçu de grandes conséquences sur les énergies renouvelables suite à l'arrivée de Mme Meloni. Mais le programme de cette dernière ne visait pas un moratoire sur les ENR.
Je ne sais pas si ces éléments éclairs votre lanterne, mais une chose est sûre : Tâchons surtout de faire avancer la transition énergétique et son déploiement par nos investissements notre travail et bien sur, par nos votes.
Julien
Enerfip
Grand merci @aurelien-de-lendopolis et @julien-hostache pour vos retours bien que j'en convienne l'exercice reste complexe du fait des nombreux inconnus.
On va espérer que les éventuelles alliances nécessaires au RN, pourront également impacter le programme final et permettre de ne pas complètement stopper le développement de l'éolien et du solaire en France. Cela serait dommage de mettre un frein à la belle dynamique du crowdfunding ENR.
N'hésitez pas à alimenter ce Thread avec d'éventuelles nouvelles informations qui pourraient aider à mieux appréhender l'évolutions à venir.
Bonjour,
Je prends part à la conversation maintenant, les congés de la semaine dernière sont tombés à pic 😉 Mais mieux vaut tard que jamais comme on dit !
Je ne vais pas répéter ce que mes confrères ont très justement dit plus haut, mais appuyer sur le fait qu’il est impossible à ce jour de prévoir les éventuelles retombées d’un tel scénario. Ce que nous pouvons développer, c’est que même si le parti a montré une nette préférence pour l'énergie nucléaire et une volonté de réduire voire d'abandonner certaines formes d'ENR, particulièrement l'éolien, il est important de distinguer les intentions politiques et la faisabilité de leur mise en œuvre (vouloir et pouvoir), surtout dans un secteur aussi complexe que l'énergie. Les projets d'énergie renouvelable déjà en cours ne peuvent pas être facilement stoppés sans engendrer de nombreuses problématiques et d’obstacles légaux.
- Aspects Juridiques et Contractuels : Les projets ENR en cours sont souvent soutenus par des contrats à long terme, tels que des accords d'achat d'électricité (PPA), qui lient les développeurs et les opérateurs aux autorités ou aux entreprises acheteuses d'électricité. Rompre ces contrats pourrait entraîner des pénalités importantes et des litiges judiciaires.
- Réglementations et Permis : Les projets en cours disposent de permis de construire obtenus après des processus réglementaires rigoureux. Révoquer ces permis nécessiterait des justifications légales solides et pourrait donner lieu à des recours administratifs et judiciaires.
- Conséquences Financières et Économiques : L'annulation de projets déjà financés et en construction pourrait entraîner des obligations de compensation financière importantes pour l'État, en raison des investissements déjà réalisés par les entreprises et des engagements financiers pris.
- Impacts Sociaux et Environnementaux : De nombreux emplois sont directement et indirectement liés aux projets ENR. Arrêter ces projets pourrait entraîner des pertes d'emplois et impacter négativement les économies locales. Les ENR jouent un rôle clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, réduire leur développement pourrait compromettre les engagements climatiques de la France.
L’arrêt du solaire, une des énergies qui progresse le + en France serait une aberration. Rappelons que la construction éventuelle d’un EPR 2 ne se fera pas avant 2035… Il se passe quoi jusqu’à cette date ?
Il est donc peu probable que les projets ENR en cours puissent être facilement arrêtés en raison des implications juridiques, financières et sociales. Cependant, nous pouvons supposer que les nouvelles politiques pourraient éventuellement affecter les projets à venir qui ne verraient pas le jour (plus d’appels d’offres par exemple…). Les projets existants pourraient continuer à fonctionner mais leur avenir dépendrait de la capacité à maintenir ces installations dans un contexte politique moins favorable (non-renouvellement des permis d’exploitation).
En bref, faire un moratoire sur les ENR tuerait les filières industrielles et exposerait la France à des hausses de consommation d’énergies fossiles… Une telle décision pourrait gravement affecter la confiance des investisseurs dans le secteur énergétique français, rendant plus difficile et coûteux le financement de futurs projets, même ceux alignés avec la nouvelle politique.
De ce fait, continuons à croire en nos idées en les défendant, et faisons avancer la transition énergétique grâce à nos convictions !
Bonjour,
En dehors de cette agitation politique, et pour pour élargir le débat, n'y-a-t-il pas d'autres évolutions qui pourraient mettre en danger les projets EnR?
Par exemple, dans une newsletter d'information économique et financière, l'auteur citait The Economist, mentionnant que "grace à l'énergie solaire, dont la progression est spectaculaire, le coût de l'électricité en Europe va chuter. Elle est d'ores et déjà "négative" à certaines périodes de l'année dans des pays comme l'Espagne".
Et si l'electricité ne rapporte plus, qui voudrait y investir à part les pouvoirs publics?
Bonjour à tous,
Attention à ne pas trop simplifier. Il est indéniable que nous avons de plus en plus de séquence avec des prix négatif sur les marchés de gros de l'électricité (120 heures sur l'année 2023 en France). Pour l'instant, cela concerne des périodes qui conjuguent faible consommation et production renouvelable conséquente, typiquement un 1er mai avec un grand soleil et du vent. Cela n'est pas foncièrement un souci si cela reste exceptionnel et le développement des ENR en France ne permet pas d'envisager un accroissement considérable du nombre d'occurence.
Là, où le phénomène peut devenir plus problématique, c'est à la sortie des périodes tarifs de rachat de 20 ans. Après ce contrat, les centrales vendront soit sur les marchés, soit sur un contrat ferme avec un industriel en simplifiant. Le gros de la production journalière se concentre entre 10h et 17h et d'avril à septembre. Sur ces créneaux et plus spécifiquement entre 12h et 14h, nous allons potentiellement voir les prix sur les marchés de l'électricité baisser, voir passer en négatif de façon répétée.
Deux options s'offriront aux investisseurs :
- faire leur calcul de rentabilité seulement sur 20 ans (la durée du contrat) sans hypothèse de prix de vente jusqu'aux 30 ans de durée de vie
- coupler du stockage avec une batterie pour injecter la production en soirée.
Quoiqu'il en soit, l'électrification des usages en cours ne devrait pas remettre en cause l'intérêt d'investir dans la production d'électricité.