Régis BRYMAN
Business Development Manager at SFR Business - Auteur du livre « Boostez votre épargne avec le Crowdlending »
Tombé dans la potion finance quand j’étais petit, pas si petit, mais disons à l’époque de mes années lycées, je m’intéresse depuis à tout ce qui touche à la finance et plus spécifiquement aux finances personnelles. Quel que soit le canal de distribution, je décortique et je cherche à comprendre tous les mécanismes et rouages des offres et solutions qui sont proposées au particulier que je suis. En 20 ans, j’ai donc pu expérimenter différents types de placements dans de nombreux domaines. L’évolution de l’environnement économique ces dernières années m’a conduit à être de plus en plus audacieux pour tenter de faire s’entendre deux composantes à priori incompatibles le rendement et la sécurité.
C’est donc avec cette idée de trouver de nouveaux placements dits « rentables » que je suis arrivé, un peu par hasard, sur le Crowdfunding et surtout sur son sous segment le Crowdlending. C’est surtout la promesse faite par les plates-formes d’offrir des niveaux de rémunération très élevés que j’ai voulu expérimenter et challenger.
Disposant désormais d’un certain recul après avoir investi sur 18 mois dans plus de 300 projets pour une somme globale d’un peu plus de 20K€ en Crowdlending entreprise j’ai pu en tirer un certain nombre d’enseignements que je propose de partager aujourd’hui. Je vous propose un graphique pour illustrer la diversité de mon expérience compte tenu des différentes plateformes que j’ai pu tester.
Plateformes : Bolden, Credit.fr, Les Entrepreteurs, Lendix, Lendopolis, Look&Fin, Pretup, Unilend
En effet, si les plateformes redoublent de vigilance pour assurer le maximum de sécurité à leurs investisseurs et si celle-ci s’améliore avec le temps, elle reste à mon avis insuffisante. Ainsi pour limiter les risques, j’ai décidé d’être plus incisif et de combiner un certain nombre d’astuces. Pour être honnête, je n’ai pas trouvé à proprement parlé de stratégie universelle car si elle existait, je pense que chacun l’utiliserait. En réalité, j’ai donc cherché à mettre en œuvre une combinaison de différentes règles qui appliquées en fonction des circonstances ferait baisser de façon drastique mes risques de défauts. De façon effective, il m’a été impossible de tout appliquer simultanément. J’ai donc en fonction de ma propre évaluation, au cas par cas, appliqué mes règles prudentielles de gestion en fonction de ma propre perception du risque.
Pour justifier cette approche, j’ai ajouté ci-dessous un graphique très simple récapitulant mon propre expérience en la matière. Il s’agit de la répartition des causes sur tous les projets pour lesquels j’ai rencontré un incident : retard de paiement ou de défaut, ainsi que leur occurrence statistique sur la base de ces 300 investissements réalisés à date.
Découlant de ces 4 constatations, j’ai donc mis en œuvre un plan reposant sur plusieurs axes prudentiels.
Stratégie Crowdlending : J’évite les sociétés qui reposent sur un homme clé
Le risque de « l’homme clé » est celui qui est lié au dirigeant de l’entreprise. Celui-ci est d’autant plus important que le dirigeant est également le fondateur et surtout la personne sur laquelle tout le savoir-faire de l’entreprise repose. Plus l’entreprise est dépendante de l’action personnelle du dirigeant plus le risque est important en cas d’évènement de santé imprévu ou pire encore en cas de décès. Je préfère donc les entreprises avec plusieurs associés et de préférence dans la force de l’âge. Plusieurs de mes défauts temporaires sont liés à des problèmes de ce type. Dans deux cas, le dirigeant a dû procéder à la vente de l’entreprise pour des questions de santé sans possibilité de reprise par un tiers. Pour trois autres cas, il s’agissait de problèmes de disponibilité du dirigeant qui n’avait pas changé ses ordres de virements au moment de son changement de banque. Dans un autre cas, le compte n’était pas approvisionné et le dirigeant parti loin à l’étranger n’était pas joignable pour faire le nécessaire. Tous ces éléments ont donc bloqué pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois le remboursement de mes créances. A ce jour deux créances ne sont pas encore réglées.
Je regarde la cohérence du parcours des membres de l’équipe de direction et leur réputation
[clickToTweet tweet= »Une société familiale est selon moi moins risquée que tout autre entreprise #Crowdfunding » quote= »Régis BRYMAN : ‘Une société familiale qui disposerait d’un savoir-faire de père en fils est selon moi moins risquée que tout autre entreprise' »]
Au-delà du niveau d’étude des dirigeants, ce qui est le plus déterminant est surtout de mon point de vu l’adéquation de leur parcours personnel et professionnel qui les a conduits à intégrer l’entreprise, à la diriger ou encore à lancer le projet à financer. En effet, plus cet élément sera cohérent plus le risque m’apparaît comme faible. Par exemple, une société familiale qui disposerait d’un savoir-faire de père en fils est selon moi moins risquée que tout autre entreprise, car les dirigeants estiment avoir une responsabilité personnelle à faire perdurer l’œuvre des générations précédentes. Dans le même esprit, j’ai pu réaliser des enquêtes d’e-réputation de façon simple et rapide sur des moteurs de recherche ce qui m’a permis d’obtenir beaucoup d’information. En effet, internet a beaucoup de mémoire. Ainsi, si l’un des dirigeants a été impliqué par le passé dans une malversation ou dans des affaires peux claires, pas forcément dans le cadre de la même société, il me semble qu’en principe c’est assez aisé d’en trouver trace quelque part.
Je suis prudent avec entreprises dépendantes d’un marché ou d’un client
Tout le monde connait cette célèbre règle de Pareto qui consiste à dire que dans toute entreprise, 80% du CA est généré par 20% des clients. C’est effectivement très souvent le cas et dans tous les domaines. Mais quand par hasard je suis en situation de rencontrer une entreprise avec des ratios plutôt de l’ordre de 5% des clients générant 95% du CA, alors je me montre extrêmement prudents. La perte de contrat fait partie de la vie classique des affaires et ce même si la relation commerciale est installée depuis fort longtemps. Il suffit du changement d’un interlocuteur chez le client pour qu’une relation commerciale établie depuis de longues années disparaisse en un clin d’œil. A ce jour, j’ai rencontré trois fois cette situation. Dans un cas, l’entreprise a été en redressement judiciaire et les paiements sont à ce jour bloqués. Dans les deux autres cas, après des mois, les entreprises n’ayant pas réussi à retrouver un client équivalent pour compenser leur perte de revenu ont finalement dû se résoudre à déposer le bilan. Je suis donc particulièrement attentif au paramètre dépendance à un client ou à quelques clients.
Je suis vigilant avec les entreprises dépendantes de l’état ou des collectivités locales
Dans l’inconscient collectif on a souvent tendance à dire qu’une entreprise qui travaille avec le secteur public est en sécurité. Cette vérité apparente est désormais totalement caduque selon ma propre analyse. Pourquoi ? Tout simplement parce que tendanciellement l’Etat et toutes les collectivités locales sont engagés dans une cure d’austérité sans précédent après des années de dépenses fastueuses. Si l’entreprise emprunteuse est très dépendante de l’état ou des collectivités pour son activité, elle aura tendance à subir une forte pression sur les prix (et donc sur sa marge) car ce critère de pondération est de plus en plus important dans les appels d’offres. Si le produit ou le service proposé n’est pas crucial pour le donneur d’ordre, le renouvellement des contrats pourra être remis en cause ou les volumes diminués. Dernier point, et c’est le risque le plus important sans doute dans une approche court terme, ce sont les délais de paiement qui sont toujours très longs avec l’état ou les collectivités. Ils ont même tendance à s’allonger encore ces derniers temps. Si l’entreprise emprunteuse dispose d’une trésorerie et d’un fond de roulement faible, elle aura tendance à subir de plein fouet ces délais au-delà du raisonnable avec un risque très fort de défaut. J’ai actuellement une société dans cette situation aujourd’hui.
J’analyse scrupuleusement les éléments clés du compte de l’entreprise
Avant de prêter de l’argent à une entreprise, il m’apparait comme plus que raisonnable de regarder ses comptes. Dès le début, disposant de connaissances financières, j’ai su assez rapidement quoi analyser mais cela a surtout été l’interprétation des éléments recueillis qui a été plus difficile à appréhender. En effet, les entreprise en situation de financement par le biais du Crowdlending sont en situation particulière, et les éléments financiers sont très souvent perturbés par cette situation. Il a donc été nécessaire de me fixer quelques règles personnelles discriminantes. Avec le temps, elles ont été de plus en plus évidentes. Autrement dit, je me suis fixé certains critères personnels d’éligibilité qui, s’ils n’étaient pas remplis, faisaient que je n’investissaient pas. Je vous donne quelques exemples :
- Les sociétés structurellement en perte même avec un business plan à faire rêver.
- Les sociétés dont les exercices sont en dents de scie, parfois bons parfois mauvais.
- Les sociétés avec des trésoreries négatives ou d’énormes BFR rapportés à leur activité.
- Les projets qui n’apportent pas immédiatement de la valeur à la société comme la rénovation d’un local, le changement de meubles ou de postes informatiques.
- Les sociétés qui supportent déjà de lourdes charges financières comme un important crédit bancaire par exemple. Je ne veux pas que mon prêt serve en réalité à rembourser un autre crédit.
- …
J’évite de prêter plusieurs fois à la même société
D’une certaine façon, le Crowdlending est un accès facile au crédit pour les entreprises emprunteuses. C’est même l’un de ses principaux avantages. En poussant un peu le trait, certaines d’entre elles pourraient être tentées de devenir dépendantes en multipliant à la fois le nombre de prêts ou de plates-formes utilisées pour souscrire ces prêts. Parmi elles, certaines en sont déjà à leur 3ème voir 4ème prêt. De façon préventive, je me suis fixé une règle assez simple : ne jamais prêter plusieurs fois à une même société sauf dans deux cas. Le premier cas est celui dans lequel, depuis le dernier prêt, la situation financière de l’entreprise s’est considérablement améliorée. Le second cas est celui dans lequel le précédent prêt se termine de façon presque concomitante avec le démarrage du nouveau. J’évite ainsi de subir une sur exposition à une entreprise en particulier qui n’est pas très utile.
Je suis attentif aux sociétés à croissance très rapide
[clickToTweet tweet= »Etre vigilant aux délais de paiement de l’entreprise par ses clients #Crowdfunding » quote= »Régis BRYMAN : ‘Je suis très vigilant sur les délais de paiement de l’entreprise par ses clients' »]
Quand certaines sociétés sont en croissance très rapide et non maîtrisée, par exemple plus de 50% de croissance par an, il y a un fort risque que le BFR ne soit pas suffisant. C’est en particulier vrai quand celles-ci sont très capitalistiques avec par exemple l’achat de stock important associé à des paiements de créances clients lointaines. Ce peut être également le cas quand le projet concerne l’embauche rapide de nouveaux collaborateurs qui ne seront pas rentables immédiatement. Je fais donc attention car même en cas de forte croissance, la société peut être victime de son succès et se retrouver en cessation de paiement. Je suis donc aussi très vigilant aux délais de paiement de l’entreprise par ses clients (créances clients dans le bilan).
Je m’intéresse aux enjeux liés à l’emprunt réalisé
Les entreprises qui sollicitent un financement via le Crowdlending sont par essence des entreprises qui ne sont pas en situation normale, sinon elles se débrouilleraient toutes seules sans faire appel à des financements extérieurs. Je suis donc attentif aux différentes situations qui peuvent justifier le recours au Crowdlending, j’ai pu, pour ma part, les répertorier en 5 différentes catégories :
L’amélioration de la productivité
- L’acquisition d’un logiciel bureautique ou spécifique métier ou matériels divers.
- L’achat d’une nouvelle machine pour la production.
- Le déménagement pour un local plus grand, travaux dans le local existant.
Le développement de CA
- L’ouverture d’un nouveau point de vente.
- L’embauche de nouveaux collaborateurs.
- Une campagne de communication, le développement d’un site web.
Le rachat d’un fonds de commerce
- Le repreneur dispose d’un nouveau projet qui va redynamiser l’activité future de l’entreprise.
Un investissement en Recherche et Développement
- L’entreprise va développer un savoir-faire nouveau qui lui sera spécifique.
Compenser une trésorerie faible
- Le financement d’un stock de marchandise en période de forte croissance de CA par exemple.
- Une saisonnalité forte de l’activité de l’entreprise (exemple activité liée au tourisme).
- Le financement d’une trésorerie suite au gain de contrats qui obligent à faire des avances de fonds.
Pour des raisons d’efficacité rapide de mon investissement, j’essaye de mon concentrer sur les cas 1 et 2 et évite le plus possible le cas 5. Attention, la tendance récente de certaines platesformes est de justement proposer essentiellement des projets correspondant à ce cas-là. Pour moi, ce n’est pas l’idéologie première du Crowdlending, je les évite donc au maximum sauf si mon feeling me dit l’inverse compte tenu des autres éléments de décision à ma disposition.
Il existe bien d’autres règles prudentielles que j’applique dans mon quotidien et dont je pourrais parler mais j’ai choisi aujourd’hui de n’évoquer que celles qui correspondaient aux cas de défauts/retards que j’avais pu rencontrer de façon effective. Toutes ces règles me semblent assez cohérentes dans un parcours d’analyse. Il appartient ensuite à chacun de se faire ses propres analyses et expériences pour les mettre en conformité avec ce qu’il estime être juste pour lui.
Pensant que mon expérience du Crowdlending pourrait servir au plus grand nombre j’ai donc écrit un livre retraçant mon travail de réflexion et d’analyse ainsi que toutes les connaissances que j’ai pu acquérir.
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RAPPEL : Sur chacune des offres de Bienvenue, argent-et-salaire.com touchera également une commission. Nous rappelons également qu'investir dans le CrowdLending peut engendrer la perte partielle ou totale du capital investi, l'illiquidité ainsi que des risques spécifiques à l'activité de l'entreprise.
IMPORTANT : Les offres de Bienvenue peuvent de temps en temps faire l'objet de modifications de la part des plateformes qui peuvent les faires évoluer à la hausse où à la baisse, voir les supprimer du jour au lendemain. Nous faisons tout notre possible pour les mettre à jour le plus rapidement. Nous ne pourrons être tenus responsable en cas de modification de ces offres. N'hésitez pas à valider les conditions de l'offre directement auprès de la plateforme au moment de votre inscription.
Bonjour,
j’ai beaucoup apprécié votre article intitulé : Stratégie Crowdlending d’un prêteur aux 300 projets.
Toutefois, je suis surpris par votre capacité à sélectionner les projets.
Je m’explique
Je comprends parfaitement la nécessité des critères que vous semblez vous imposer dans le choix des projets. Or, mon expérience porte sur 3 plateformes.
Sur une d’entre elles, certains projets (je pense au dernier en date) sont financés en 8 minutes !
Comment (et je ne doute pas de vos qualités d’analyse) peut on parvenir à investir en si peu de temps en prenant l’ensemble des critères de choix évoqués sans prendre le risque de ne pas avoir le temps d’investir (surtout en ajoutant la saturation de plus en plus fréquente du serveur de ladite plateforme qui freine désormais la procédure).
Salutations
Bonjour,
Les cas où l’on ne peut investir par manque de temps ou de disponibilité existent et on ne peut rien faire contre ça sauf à être 100% du temps devant son PC et attendre les alertes. Le but de la méthode est de faire « le mieux possible » compte tenu du temps que l’on a à y consacrer. De façon général, il vaut mieux ne pas investir dans un beau projet que l’on a raté plutôt que d’investir dans un mauvais projet parce que l’on a trouvé au prétexte que l’on veut absolument investir quelque part si non on est frusté.
Bonjour Régis,
Merci pour tous ces retours intéressants basés sur votre expérience.
Une question tout de même : est-ce que malgré toutes ces saines précautions, le rendement reste intéressant ?
Au final, j’ai surtout l’impression que si on ne prête qu’à une entreprise avec tous ces critères développés, le risque étant faible, le rendement l’est aussi.
Cordialement,
Fabien RAYNAUD
https://about.me/fabien.raynaud
Bonjour Fabien,
Votre question est très intéressante et j’espère que Régis y répondra.
Je n’ai personnellement pas les mêmes critères de choix que Régis mais je constate que le crowdfunding offre une diversité de rendement qui ne s’appuie pas forcément sur les mêmes fondamentaux que l’on peut avoir dans le monde bancaire. On a toujours été habitué à des règles du type :
– Plus le placement est risqué plus le taux est élevé
– Plus le placement est sur une longue durée et plus il est rémunéré
Au final je ne retrouve pas ces fondamentaux dans le crowdfunding.
Exemples
– Lendix offre régulièrement des prêts sur des durées très longues (jusqu’à 7 ans) et finalement c’est une des plateformes qui à le taux de rendement moyen le plus faible.
– Lendosphère est un peu dans le même cas avec des taux très bas sur de longues durées.
– Pretup et Wiseed Immobilier ont des taux très élevés sur des durées plutôt courtes et finalement surtout pour Wiseed Immobilier, je n’ai pas l’impression de prendre un risque beaucoup plus important.
Le Crowdfunding brise je trouve pour l’instant tous les préjugés que l’on peut avoir dans le domaine du placement.
Il faut néanmoins parier sur le fait que dans le temps les choses vont s’uniformiser et on retrouvera j’en suis sûr à terme des fondamentaux proches de ceux auxquels ont est habitué.
Bonjour Fabien,
Il est assez difficile de répondre à votre question parce que la modélisation que j’ai décrite dans mon article, je ne l’ai pas appliqué dès le début. J’ai eu besoin de me faire mon expérience pour pouvoir la conceptualiser. Ce qui est certain, c’est que mon première critère de choix est d’abord le niveau brut de rémunération du projet (ce que je n’avais pas précisé dans mon article). Autrement dit si la rémunération espérée n’est pas à mon objectif je ne vais simplement pas sur le projet (ma tranche d’action est uniquement le 7,5%-9%). Il s’agit effectivement de maintenir un bon rapport gain/temps passé. Vous comprenez aussi que je ne vais pas sur tous les projets qui ont cette rémunération (s’ils ne répondent donc pas à mes critères). Concernant la rémunération et le risque, je partage en partie la position de Patrick. Il me semble d’après mes analyses que le taux est calculé selon 4 critères essentiellement (durée, montant emprunté, fragilité de la société, taille de la société). Selon les plates-formes la pondération de ces critères est variable : si l’on prend l’exemple Pretup qui prête à bon taux sur des durées courtes mais sur des sociétés qui me semblent moins fiables que les autres (compte tenu de ma propre expérience) et donc expliquent ce niveau de rémunération. Pour Lendosphère, les projets sont généralement moyens termes mais pratiquement en risque 0 compte tenu du montage réalisé. C’est ce qui explique la rémunération faible. Cependant, ce que j’ai pu aussi constaté à ce stade c’est que les incidents que j’ai rencontrés plus globalement étaient sans lien avec le niveau de rémunération proposé (ce qui va dans le sens de Patrick sur l’aspect risque réel/rémunération). Autrement dit ce ne sont pas les projets avec forts taux de rémunération qui m’ont à ce jour causés le plus de problème. Par ailleurs, concernant Wiseed dont parle Patrick qui travaille essentiellement sur du Crowdlending immobilier, le modèle économique est totalement différent du Crowdlending entreprise avec des taux standards à 9% et montent à 12% parfois. Mais ceci s’explique très bien, je vous invite à prendre connaissance d’un autre de mes articles là dessus. Enfin, pour terminer maintenant que ma méthode est « calée » et mon niveau de rémunération brut proche de mon objectif de 8% (en Crowdlending entreprise) je m’attends à voir mes incidents se raréfier, mais cela prendra un peu de temps.
Très instructif! Quels sont les 2 ou 3 meilleures plateformes selon vous ou investir?
Combien de temps prenez vous pour faire votre analyse projet?
Bonjour Sylvain,
Si l’on regarde les choses de façon globale Lendix et Credit.fr semblent être les plates-formes les plus efficaces avec les défauts les plus faibles. Les Entrepreteurs est aussi très bon mais l’historique est très faible donc on ne peut pas trop se prononcer pour le moment. Look and Fin est également très bon mais très difficile de rentrer sur les projets car les collectes sont très rapides et le ticket moyen est à 500€. Unilend a un historique très mauvais sur ces premières années mais tend à s’améliorer très significativement depuis 2016. Pour les autres c’est plus aléatoire. Cela dit de bons projets sont présents partout et si vous sélectionnez bien vous pouvez avoir des défauts maitrisés quelle que soit la plate-forme.
Au stade où j’en suis, l’analyse ne prend désormais plus que quelques minutes, en revanche mon niveau de sélection s’est durci ces dernières semaines de 15 projets mois, je pense passer à 10 mais ce n’est pas un objectif dogmatique, il s’agit de n’aller que là où le risque est proche de 0 selon mes éléments d’appréciation.
Gérer 300 Projets, cela vous prends combien de temps par mois? N’est ce pas trop chronophage?
Sur combien de nouveaux projets re-investissez vous chaque mois?
Bonjour Oris,
Environ une bonne quinzaine de projets par mois globalement. Avec la pratique le temps nécessaire à la gestion tend à diminuer car :
Ma méthode d’analyse permet d’aller rapidement puisque je fonctionne en critères d’exclusions (si critère pas remplis je ne vais pas sur le dossier). Avec l’habitude de les utiliser, cela va assez vite car je sais quoi regarder et où.
Par ailleurs, je dispose d’alertes envoyées par les sites, je me connecte à des heures stratégiques (peu de projets le matin et beaucoup en fin d’après midi). Le lundi et le mercredi sont des jours assez faibles également. Le mardi soir et le vendredi soir assez forts.
Pour le suivi les sites s’améliorent régulièrement on voit assez facilement là où il y a des problèmes (heureusement pas si souvent que cela).
Il faut aussi avoir un bon fichier excel de suivi des investissements.
J’explique tout de façon très détaillée dans mon livre.
Merci Régis, intéressant, je vais jeter un œil sur Amazon pour votre livre. Plusieurs prêteurs publient sur le forum de ce site leur portefeuille. Cela serait intéressant si vous pouviez le faire également. Le fait que vous ayez participer à 300 projets vous donne une belle expérience que peux de personnes ont. Pensez-vous le faire prochainement?
Bonjour Régis,
Merci pour cet article. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur comment vous trouver toutes les informations nécessaires à votre analyse prè investissement projet?
Par exemple comment savoir si une entreprise fait 80% de son chiffre d’affaire avec 1 seul client? Voir 95%?
Bonjour Max,
Généralement toutes les informations sont présentent dans la présentation du projet, en complément il suffit d’aller sur le site de la société et en sur complément chercher sur google des informations sur la société. Globalement on va retrouver l’essentielle de l’information. Sur la 2ème partie de la question, c’est un peu plus subtil. Il n’y a rien qui est écrit dans ces termes, il faut simplement comprendre la sémantique d’écriture :
Pour les activités BtoC (exemple commerce physique ou internet, restaurants, hôtels…) il n’y a pas de sujet, aucun client ne peut faire plus de quelques pouillème du CA de la société.
Pour les activités BtoB voici quelques astuces, si dans la présentation ou le site internet de l’entreprise on parle toujours des références clés très connues, attention danger. Je vous donne un exemple, la société Zero 7 production (Pretup) avait indiqué qu’elle travaillait avec des grands comptes prestigieux (on parlait essentiellement de 4 comptes dont Carrefour), 3 mois après la collecte Carrefour a rompu son contrat pour une question non liée à la société. Celle-ci a été déclarée en faillite le mois suivant.
Pour les marchés publics c’est la même chose, Europ Metal Concept (Unilend) travaille essentiellement avec des hôpitaux publics (ceux-ci payent avec des délais incongrus). Résultats : la société est systématiquement en retard pour le paiement de ses échéances.
Le background du dirigeant est aussi une indication, si vous voyez qu’il a travaillé chez Suez et que comme par hasard Suez est l’un des clients de sa société, comprenez Suez est un gros client pour sa société, donc forte dépendance.
Le cas de DAOL habitat (Lendopolis) est moins simple, d’un côté on parlait de 680K€ de CA et 90% de clients particuliers et on insistait beaucoup sur Nexity, Sial de Valenciennes, et SNS logistique. Finalement la société est allée en faillite pour un impayé de 120K€ selon la communication officielle. Je comprends de mon côté qu’il y a eu un problème avec l’un de ses 3 comptes et que les éléments fournis n’étaient pas conformes à la réalité.
Ce qu’il faut retenir, c’est que le risque 0 est impossible mais que le diable est dans le détail et qu’il faut donc bien lire la moindre information qui peut sembler anecdotique.