(Last Updated On: 1 février 2023)
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Interview de Valérie Giard Prexem

Après Olivier Goy de LENDIX c’est au tour de Valéry Giard de PREXEM de se prêter au jeu des questions réponses pour nous faire partager sa vision du Crowdlending et nous en dire un peu plus sur les spécificités de PREXEM.

PREXEM a été l’une des premières plateformes de financement participatif dans laquelle j’ai investi (actuellement 2 projets).

Lors de mon enquête sur le baromètre des taux du Crowdfunding des différentes plateformes de financement participatif, je n’avais pas véritablement pu évaluer Prexem du fait de mon faible investissement sur cette plateforme. Néanmoins Prexem affiche aujourd’hui un taux moyen de 7,23% sur des durées relativement courtes (un peu plus de 2 ans) ce qui fait de Prexem une plateforme avec bon rapport Rendement / Durée.

Il m’a paru intéressant de connaître un peu plus en profondeur Prexem en m’intéressant aux Hommes qui la développent au quotidien. Valéry Giard son fondateur a aimablement accepté de répondre à mes questions.

A&$ : Quand Prexem a t’il été lancé ? Comment est venue l’idée ?

Valéry Giard : La société a été créée en juillet 2014 et la plateforme est opérationnelle depuis mai 2015.
La genèse de Prexem est avant tout l’envie de réinventer le financement des entreprises en France à un moment où le monopole bancaire vient de s’ouvrir à la concurrence.
Il s’agit également de permettre à tout à chacun de prendre pleinement part à l’économie locale et donner à l’économie collaborative toute sa place dans notre quotidien.
Prexem résulte donc d’une volonté d’offrir une alternative de financement rapide aux TPE/PME françaises et une nouvelle classe d’actif aux épargnants avec un couple rendement/risque attractif.

A&$ : Prexem s’est lancé sur un marché à la fois très jeune mais dans lequel on trouve déjà de nombreux acteurs. Qu’est-ce qui différencie Prexem des autres plateformes ?

Valéry Giard : Il était important pour nous d’entrer dans ce marché avec un angle différentiant.
La première innovation Prexem en matière de crowdlending réside donc dans l’approche « quantamentale » de son analyse crédit. Il s’agit ainsi de combiner l’analyse quantitative (à travers un algorithme développé en partenariat avec l’école polytechnique et labélisé par Finance Innovation – pôle de compétitivité mondial) avec l’étude fondamentale (par des experts analystes) des demandes de financement.
Le deuxième axe de différentiation Prexem est son fonds de protection inédit en France et dans le monde et qui a pour objectif de compenser (sans garantie) tout ou partie des pertes en capital dans l’éventualité d’un défaut de remboursement d’un emprunteur.

A&$ : Quel bilan tirez-vous de vos premières années ?

Valéry Giard : Nous avons reçu plus de 110 millions d’euros de demandes de financement à date (novembre 2016) et avons prêté près d’1,5 millions d’euros sur la plateforme. Nous demeurons donc très sélectifs pour retenir les dossiers les plus solides.

A&$ : Quelle est selon vous la taille critique en terme de volume de chiffre d’affaires et de projets qu’il faut atteindre pour qu’une plateforme comme la vôtre devienne rentable ?

Valéry Giard : La taille critique demeure dépendante de la stratégie d’investissement de la plateforme et de sa vitesse de déploiement. Toutefois, le seuil de rentabilité d’une plateforme ROIste se situe selon nous aux alentours de 70 millions d’euros de montants financés.

A&$ : Vous êtes-vous fixé un objectif de délai pour atteindre cette taille critique ? Se fera t’elle par la consolidation du marché qui a déjà un peu commencé avec avec le rachat de Finsquare par Lendix?

Valéry Giard : La course à cette taille critique n’est pas la priorité première de Prexem. Il nous paraît en effet plus prudent de bien maîtriser notre croissance sur ce marché naissant en France. Nous nous efforçons donc d’étudier les meilleurs canaux d’acquisitions des projets de financement afin qu’ils soient les plus solides possible. Une bonne gestion du risque qui respecte la courbe d’apprentissage nécessaire à ce nouveau marché devrait donc nous permettre d’atteindre cette taille critique en temps voulu.

A&$ : Quelles sont actuellement vos priorités ?

Valéry Giard : La gestion du risque est notre priorité au quotidien. D’un point vu « corporate development » l’objectif de Prexem est de pouvoir proposer prochainement aux TPE/PME un mode de financement hybride avec les institutionnels et les entreprises qui pourront prêter aux cotés des particuliers.

A&$ : La hantise des plateformes de prêt participatif c’est bien évidement les défauts de remboursement… Toutes les plateformes concentrent donc leurs efforts pour sélectionner les meilleurs projets et j’imagine que c’est le cas de Prexem. Faut-il malgré tout s’y préparer ? Prexem sait-il à l’avance comment il va gérer un tel cas si celui-ci devait malheureusement se produire ?

Valéry Giard : Le fonds de protection Prexem a été conçu à cet effet. Nous y étions donc préparer avant même le lancement opérationnel de la plateforme.

A&$ : Prexem offre un fonds de protection. Pensez-vous que c’est vraiment un véritable argument pour convaincre les particuliers d’investir? Au final cela n’impacte t’il pas le taux moyen et la véritable protection n’est t’elle pas dans le principe même de diversification qui est prôné par les différents acteurs du Crowdlending?

Valéry Giard : La diversification est effectivement la meilleure façon de protéger ses investissements. Il est donc fortement recommandé de ne pas investir toute l’épargne que l’on souhaite dédier au crowdfunding sur un seul projet mais de la répartir sur une centaine de projets.
Les banques qui prêtent depuis plusieurs siècles n’ont jamais pu garantir zéro défaut de remboursement malgré toutes les cautions et précautions prises. Les plateformes ne le pourront pas non plus. Il était donc important pour nous de mettre en place un mécanisme qui permette de mieux protéger les prêteurs dans cette éventualité.

A&$ : Bientôt les élections. Y a t’il une législation à faire évoluer dans le domaine du financement participatif ?

Valéry Giard : Encourager les banques, qui ne souhaiteraient pas prêter à une entreprise, de proposer le projet de financement à une plateforme partenaire qui ferait alors sa propre analyse. Cette initiative est déjà bien avancée au Royaume-Uni…

A plus court terme, la mise en place d’un cadre fiscal plus avantageux en s’inspirant à nouveau de l’Angleterre ou des Etats-Unis pour les prêteurs mériterait également d’être actée.

A&$ : Lors de notre dernier baromètre des taux, Prexem apparaissait un peu en dessus en terme de taux et de durée que les 2 leaders du marché que sont Lendix et Unilend. Comment expliquer vous le fait de pouvoir assurer ces taux et durées compétitifs?
https://argent-et-salaire.com/barometre-des-taux-durees-crowdfunding/

Valéry Giard : Notre objectif est de pouvoir proposer des taux attractifs aux prêteurs de la plateforme pour justifier l’absence de garanties et de cautions pour les emprunteurs. Les taux reflètent donc la prise de risque inhérente à ce type d’investissements afin que chacune des parties (prêteurs et emprunteurs) y trouvent leurs intérêts. Cependant, les emprunteurs ne rémunèrent que le risque qu’ils font porter aux prêteurs.

A&$ : D’une manière générale sur le marché du Crowdlending, comment arrive t’on à obtenir des taux aussi élevés sur des projets que vous sélectionnez j’imagine avec des critères très strictes dans un contexte où les taux n’ont jamais été aussi bas ? Cela semble au final très paradoxal, non ?

Valéry Giard : Au risque de vous surprendre, sur des montants de financement moyen de 100 000 euros pour le crowdlending, le taux n’est pas la préoccupation première d’un dirigeant d’entreprise. En effet, si on observe le coût en valeur et non plus en pourcentage, il devient relativement marginal compte tenu (i) de la rapidité du traitement de la demande de crédit sur la plateforme (quelques jours), (ii) de l’absence de caution demandée aux dirigeants, (iii) des retombées médiatiques de ce mode de financement surtout pour les entreprises B2C, et enfin (iv) de la création de valeur que le financement du projet est censé apporter.

A&$ : Dans l’un de ses derniers articles A&S notait une pénurie de projet due à une augmentation plus forte du nombre de prêteurs que du nombre de projets (certains projets sont clôturés en quelques minutes). Quelle est votre vision sur le sujet ? Article : https://argent-et-salaire.com/crowdlending-la-penurie-de-projets-s-amplifie-t-elle/

Valéry Giard : Il est aujourd’hui effectivement plus difficile d’évangéliser le marché du crowdlending auprès des TPE/PME que du côté des prêteurs qui sont de plus en plus nombreux à trouver cette nouvelle classe d’actif attractive pour leur épargne mais aussi vertueuse pour l’économie.

Trouver le plus grand nombre de projets solides à financer sur la plateforme prendra donc encore un peu de temps et nécessitera le développement de partenariats innovants. Nous y travaillons.

A&$ :  Prexem a t’il des ambitions internationales? Pourra t’on un jour investir sur des projets à l’étranger?

Valéry Giard : A terme, Prexem a pour objectif de proposer également des financements en dehors de son marché domestique. L’Italie et l’Espagne seront probablement les deux priorités dans notre croissance géographique.

A&$ :  D’autres choses que vous souhaiteriez partager avec nos lecteurs ?

L’utilisation de la plateforme Prexem est entièrement gratuite pour les prêteurs !
D’autre part, afin d’aligner ses intérêts avec ceux des prêteurs, les fondateurs de Prexem ont, à ce jour, participé au financement de tous les projets présentés sur la plateforme.

A&$ : Merci à vous Valéry Giard ! Bon développement à PREXEM ! On refait le point dans un an?

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