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Sujet
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Bonjour
Je suis prêteur depuis 2011 dans le crowdlending (financement aux particuliers) et depuis 2013 (financement pour les PME) et j’ai vécu tout l’historique de ce secteur.
J’ai été contributeur actif de certains forums et j’ai remarqué depuis plusieurs années quelques grosses erreurs d’analyses d’un grand nombre d’entre nous et je voudrais vous les faire partager.
1ERE ERREUR D’ANALYSE : PENSER QUE CET INVESTISSEMENT EST RENTABLE (RENDEMENTS AU MOINS EQUIVALENTS AU TAUX DE REMUNERATION DU FONDS EN EUROS D’UN CONTRAT D’ASSURANCE VIE)
Depuis le départ, je suis persuadé que cet investissement n’est pas rentable et je l’ai toujours signalé. Autant au début, je n’avais pas par définition un grand historique et mon analyse était plutôt fondée sur des modèles mathématiques de prévisions qui pouvaient être contestables pour certains.
Autant actuellement, je peux affirmer avec un historique jusqu’à 5 ans (pour les PME) et sur une base de plusieurs milliers de prêts que je confirme mon analyse de départ.
Mes chiffres sont identiques (à 3 ou 4 défauts près) à ceux qui existent sur un agrégateur d’un site concurrent. 204 défauts pour moi, 200 défauts pour le site concurrent, on va dire que c’est à peu près la même chose, on ne va pas chipoter.
Partant de là, on a environ 9 % de défaut dans ce secteur. Mais ce sont des défauts sur le stock en cours (avec des prêts qui viennent juste d’être débloqués et qui ont 0 % de défaut et des prêts plus anciens qui ont 19 % de défaut…)
Ce qui compte pour l’investisseur, c’est quel est à terme de remboursement de son prêt, quel est le pourcentage de dossiers qui plantent (là on est à 19 %) et à quelle échéance en moyenne (car un défaut en début de période est plus préjudiciable qu’un défaut en fin de période). Et là les incidents arrivent quand les prêts sont amortis qu’à 30 % ! C’est à dire qu’on perd non seulement des intérêts mais aussi en moyenne 70 % du capital à chaque fois.
Donc vous avez bien lu : 19 % des projets avec des incidents (qui ne sont pas des petits retards mais des incidents) et 70 % de capital perdu en moyenne.
N’importe qui pourra comprendre qu’avec de tels chiffres, le rendement sera négatif. Sachant qu’il faut encore décompter 30 % de taxes en moyenne sur les gains…
Je l’ai calculé pour vous : il est entre -2 % et -3 % par an !!!
Alors on va me dire : oui mais ce sont des chiffres qui intégrent l’année 2014 (la fameuse année Unilend) et que les bonnes plateformes sont apparues après… On me ressort souvent cet argument. Eh ben non : car les prêts débloqués en 2015 ont aussi près de 19 % d’incidents… Ce n’était pas une année meilleure…
Oui mais on va me dire en 2017 c’est moins : oui c’est logique car on est en début de remboursement : ces prêts ont en moyenne 12 mois d’ancienneté les incidents arrivent souvent après…
Mais pour l’heure pour les prêts du 1er semestre 2017, on est déjà à plus de 5 % de défaut (la même chose que pour les prêts du 1er semestre 2016 à la même période de remboursement et qui ont connu après beaucoup d’incidents et se dirigent tout droit vers les chiffres de 2014-2015…)
Et pourtant la conjoncture était bien meilleure en 2017… Que se passera t-il si la conjoncture devait tourner au vinaigre ? 25 % de défaut à terme ???
Arrêtons de trouver des excuses à chaque fois pour dire que c’est la faute à 1 plateforme…
Alors bien sûr il y a des plateformes qui font mieux. Lendix mais elle a déjà 5 à 6 % de défauts sur le stock en cours. On peut multiplier par 2 pour calculer le taux de défaut à terme. 11 % ??? Avec ce niveau de défauts, on arrive à 0 % de rendement à terme peut être si on a de la chance un rendement légèrement positif. Mais avec une perte de temps énorme car on prête sur beaucoup de projets.
Ca fait un peu « enculeur de mouche » je trouve…
Il y a aussi lendosphère et wiseed va t-on me dire ? Le problème est que la base n’est pas importante pour affirmer à ce jour que c’est rentable. D’ici 1 an ou 2, si la tendance reste, on pourra commencer à l’affirmer. Mais attention pour wiseed si les taux d’intérêt remontent sur les marchés financiers… Car la santé des promoteurs immobiliers est fortement lié aux taux…(ils sont souvent très endettés)
2EME ERREUR : PENSER QU’EN DIVERSIFIANT ON AMELIORE LA RENTABILITE…
C’est faux. Car on prête aux mêmes conditions. Je dirai que plus on prête à des projets différents (même à budget global identique) plus on a de risque de faire la même performance que le marché global soit -2 à -3 %. C’est statistique. Vous vous rappelez les intervalles de confiance ?
Eh ben en prêtant à 500 projets, vous allez faire le marché avec 95 % de chance de faire -3 %/+3 % par rapport à la moyenne. En gros 95 % de chance de faire entre -6 % et +1 %…
3ERE ERREUR : PENSER QU’ON VA BATTRE LE MARCHE CAR ON EST MEILLEUR QUE LA MOYENNE DES PRETEURS
La plupart des gens le pensent… Mais le problème c’est que ce n’est pas le cas.
Car les gens sont mauvais ?
Non car les informations sur chaque projet sont très vagues, souvent écrites par les emprunteurs et très souvent non contrôlées par les plateformes.
En gros on nous vend un rêve, un méga projet de financement. Le problème c’est qu’on ne demande pas de documents genre factures attestant que l’argent est utilisé pour le projet décrit.
Souvent d’ailleurs les fonds servent pour régler des problèmes de trésorerie…mais ça on ne vous le dit jamais…
Quant aux bilans, ils sont de l’année dernière ou d’il y a 2 ans. Dans une PME ou TPE l’environnement peut radicalement changer en 12,18 ou 24 mois.
Quant à la trésorerie de l’entreprise à l’instant du financement, on ne l’a jamais….
Comment dans ces conditions peut on avoir un jugement sur le caractère finançable d’un soit disant projet d’une entreprise dont on ne connaît pas la trésorerie…
Soyons un minimum sérieux ! Le métier d’analyste financier est un métier de terrain qui demande plein de vérifications de données et une interrogation du dirigeant et une visite de l’entreprise.
Ce n’est pas à distance derrière son PC qu’on peut faire une vraie analyse…
Dans ces conditions, espérer battre le marché ne relève que d’une utopie…
<span style= »text-decoration: underline; »>En conclusion :</span>
le marché n’est pas rentable et c’est utopique de penser qu’on arrivera à battre le marché dans ces conditions.
Et on perd beaucoup beaucoup de temps aves des utopies qui s’enlèvent progressivement.
Attention aux lendemains douloureux pour beaucoup d’entre nous…
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