OCTOBER vient de publier en toute transparence un certain nombre d’informations concernant les typologies de défauts rencontrés ainsi que les secteurs les plus à risque. Ces informations sont très intéressantes car peuvent nous permettre, nous investisseurs, d’être plus attentif à certains type de projet.
Marc Sebag directeur du Crédit Europe chez OCTOBER aborde le sujet sans tabou. Il dresse le bilan de 4 années de financement, 627 projets et plus de 300 M€ financés.
La Fraude et les Acquisitions en tête des défauts
Dans le bilan que dresse Marc Sebag, on trouve 4 principales typologies de projet qui tombent plus souvent en défaut :
- La fraude : 7 projets font l’objet d’une fraude, pour un montant total de 5,9 M€,
- Le financement d’acquisition : 18 projets en défaut ont le même objet de financement : celui de l’acquisition d’une entreprise ou d’un fonds de commerce. Ils représentent un CRD de 6,1 M€,
- L’industrie : October a identifié 3 secteurs d’activité avec un risque de défaut plus élevé :
- La construction/le BTP (8 projets / 1,6 M€), il s’agit d’un secteur cyclique. Les grandes entreprises sont mieux équipées pour gérer la facturation de leurs clients. Les petites entreprises sont totalement concentrées sur leur quotidien et peuvent oublier de facturer leurs clients, entraînant des problèmes de trésorerie.
- Les boulangeries (3 projets / 1,1 M€), Les boulangeries et les traiteurs : les clients sont très fidèles aux exploitants de ces entreprises (on parle de clientèle intuitu personae). Dans le cadre d’un rachat, le nombre de clients peut donc diminuer post-acquisition.
- Les traiteurs (2 projets /0,6 M€).
- La localisation : October a identifié des régions en France, en Espagne et en Italie présentant un risque plus élevé : 5 projets sont en défaut pour un CRD total de 0,5 M€
Faut t’il mettre en place une assurance prêteur?
October n’y ai pas favorable car cela aurait un impact en terme de coût pour les prêteurs. Certains projets font néanmoins l’objet d’une garantie comme certains projets italiens en parti couverts par le fond de garantie de l’Etat Italien (Fondo di Garanzia).
October préfère donc être dans une logique de toujours améliorer son modèle et affiner ses critères de sélection. On notera également que la BigData, si cher à October, peut aider également à atteindre cet objectif de limitation des défauts.
Mieux évaluer le risque et mettre en place des mesures correctives
Dans l’idée d’amoindrir le risque et sans cesse améliorer ces processus de sélection, OCOTBER indique dans son entretient avoir pris un certain nombre de mesures sur chacune des principales causes de défaut :
- La Fraude : En matière de fraude, October indique organiser régulièrement des ateliers internes, afin d’identifier les modèles et d’être moins exposés.
Marc Sebag : « Abandonner n’est pas une option, surtout dans les cas de fraude : nous allons au pénal et engageons des frais judiciaires à notre charge. Si nous ne sommes pas en mesure de recouvrer le capital, ces coûts sont pour October, ils ne sont pas imputés aux prêteurs »
- Pour les Acquisitions : Depuis septembre 2018, October a décidé de prendre systématiquement des garanties pour le financement d’acquisitions. Quelles sont-elles ? Nantissement sur le fonds de commerce ou encore nantissement de compte titre. L’objectif est d’aligner les intérêts des prêteurs et ceux de l’emprunteur. La prise de garantie est spécifiée dans le contrat de prêt et elle est également visible dans la description du projet.
- Dans le BTP : October travaille uniquement avec des entreprises notées B, ayant un chiffre d’affaires minimum de plusieurs millions d’euros car ces grandes entreprises gèrent leurs clients plus efficacement. October a également fixé une durée de prêt maximale à 3 ans afin d’atténuer le caractère cyclique du secteur.
- Les critères d’éligibilité pour les boulangeries et les traiteurs sont plus stricts qu’auparavant (sur le chiffre d’affaires, la rentabilité et le montant des actifs).
- Localisation : October a cessé le financement d’entreprises appartenant à certaines industries dans ces régions.
Comment évaluer l’apport des nouvelles mesures correctives?
Il est bien évidement impossible d’évaluer l’impact sur les projets futurs mais il est toujours possible de faire un « Back test ». Quel aurait été le résultat si October avait mis en place ces mesures dès le départ?
Marc Sebag : Nous avons “back-testé » le portefeuille October avec ces mesures correctives et en éliminant les projets frauduleux.
Le taux de défaut passe alors de 7,49% à 2%.
Que signifie “back-test” ? C’est un test rétroactif. Cela signifie que nous avons appliqué nos nouveaux critères de sélection à l’ensemble du portefeuille pour voir si nous aurions financé les projets ou non.
Nous remercions October d’avoir partagé en toute transparence ces informations. Vous pouvez retrouver l’entretient intégral de Marc Sebag ici.
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Le message d’October est d’une malhonnêteté intellectuelle crasse en expliquant que malgré le nombre hallucinant de défauts, le TRI en cas d’investissement équipondéré passerait de 5,99% à 4,59%.
C’est malhonnête car:
– tous les investisseurs ne sont pas présents sur la plateforme depuis le début : or, le taux de défaut a quintuplé au cours de ces 2 dernières années ce qui signifie qu’un investisseur ayant commencé à investir il y a 2 ans (et c’est une vaste majorité si on regarde la courbe du nombre de prêteurs) est bien plus frappé par la pauvreté de l’analyse et de la sélection effectuée par October que celui présent depuis le début (sans parler de l’incapacité à investir sur tous les projets au vu de la taille de certains projets)
– la notation des projets permet justement de ne pas équipondérer selon que l’on cherche du rendement (et donc à prendre plus de risques) ou de la sécurité. Or October réussit l’exploit, inégalé parmi tous les analystes crédit que je connais, à avoir plus de défauts pour des projets notés « B » que des projets notés « C »
J’aurais préféré que le directeur du crédit d’October fasse un mea culpa et reconnaisse des erreurs dans les analyses effectuées : un peu de recherche sur internet aurait permis de se rendre compte que des projets de type Alkor Draka ou Technofirst ou Institut Orthodontics étaient en fait extrêmement risqués ou carrément à ne pas financer.
Je reconnais qu’October est très transparent dans la publication de ses statistiques et mérite notre considération pour cela. Cependant, ils doivent impérativement revoir leur modèle rapidement pour être bien plus sélectifs : je n’achète pas comme ça un backtesting qui ferait que miraculeusement le taux de défaut serait divisé par 4. Je les invite à moins de précipitation dans leur analyse quitte à faire moins de volume. Et s’ils veulent être transparents complètement, j’aimerais qu’ils publient également le TRI moyen et médian des prêteurs ainsi que le gain moyen et médian.
Le TRI a pour inconvénient de faire l’hypothèse de l’absence de défauts supplémentaires dans le futur ni de recouvrement de défauts.
Pour ma part, j’ai investi sur près d’une dizaine de plateformes (y compris Lendopolis et unilend qui ont beaucoup été critiqués pour leur nombre de défauts) et October est de très loin celle qui présente ma plus mauvaise rentabilité. J’ai une part de responsabilité dans ce résultat mais je considère que le travail médiocre d’October est la cause principale de mon TRI divisé par 2.